Cyria Emelianoff, dossier « Urbanisme durable ? », ÉCOLOGIE & POLITIQUE n ° 29, 2004, p. 21-36.
Les cadres de l’urbanisme sont en train de bouger, de répercuter à leur manière les préoccupations exprimées à Rio, qui prennent une visibilité croissante au cours de la décennie 1990. Ces cadres ne se sont pas mis en mouvement d’eux-mêmes mais consécutivement à des forçages multiples, les mobilisations associatives et les programmes institutionnels s’étant succédés pour appuyer, par une reconnaissance symbolique ou financière, les projets de développement urbain durable. Les associations de collectivités locales, à quelque échelle que ce soit, ont joué un rôle prédominant dans la construction de cette problématique, la recherche de durabilité servant l’affirmation des pouvoirs urbains sur les scènes nationales et internationales. Le développement urbain durable suppose effectivement une responsabilité et un pouvoir politique élargis, une autonomisation des collectivités locales, en recherche d’un développement qu’elles pourraient contribuer à forger, sur un mode un peu moins passif. Les fonds, les directives, les réseaux et les incitations à l’échelle européenne ont exercé un autre type de forçage. La campagne européenne des villes durables, par exemple, a été centrale pour la promotion d’un urbanisme durable. Elle a donné une assise, une légitimité et une visibilité à un certain nombre d’initiatives locales qui reposaient souvent sur l’action de quelques personnalités isolées, en manque d’appui et de reconnaissance au sein de leur territoire. C’est l’histoire, par exemple, de la mobilisation qui prend corps à Bologne et Modène, portée au début des années 1990 par quelques fonctionnaires des deux municipalités, au profil environnementaliste et militant. Ces acteurs, face à des blocages locaux, se sont tournés et investis dans la campagne européenne. Fort de l’obtention du prix européen de la ville durable, pour Modène, ils mettent sur pied une coordination nationale des agendas 21 locaux et entraînent un certain nombre de villes de l’Émilie-Romagne dans ce processus. Ces deux dynamiques sont à l’origine de l’essor récent des agendas 21 italiens.
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