A travers plusieurs études de cas, cette conférence a pour objectif de questionner les processus actuels de fabrication des biens communs.
Afin de comprendre comment des communautés d’usagers de ressources naturelles en Ile-de-France élaborent des normes sociales (et parfois des règles légales formelles) leur permettant d’utiliser des ressources finies de manière durable à long terme. On étudiera donc, d’une part, le rôle des pouvoirs publics comme catalyseurs des communaux et, d’autre part, celui des associations et des architectes répondant aux divers concours mettant en avant l’innovation sociale. Leurs propositions de projets nous donneront un aperçu de leur vision des communaux du futur. Cette vision sera enfin mise en perspective selon le retour d’expérience de communs existants. Ces apports seront discutés par un chercheur spécialiste de la question du bien commun, afin de les inscrire dans un débat plus général.
Pascal Nicolas-Le Strat, “Le commun oppositionnel”, Variations [En ligne], 19/ 2016,
URL://variations.revues.org/753
Le commun sera politique ou ne sera pas. Il sera rebelle ou ne sera pas. […] Comment éviter que les enjeux fondamentaux du commun ne rejoignent la panoplie des instruments politiques – pourtant d’intérêt collectif majeur – que l’État est parvenu à technocratiser et à aseptiser, dans l’intention évidente de les dépolitiser. La liste est longue, entre les démarches participatives, la démocratie de proximité ou encore les dynamiques de développement. Le commun, lui aussi, peut parfaitement être capté par cet appareil d’État qui s’avilit depuis longtemps en un simple “atelier de réparation capitaliste”, selon l’heureuse expression d’Oskar Negt, ou de réparation budgétaire pour le formuler dans l’esprit du moment.
Rifkin Jeremy, La nouvelle société du coût marginal zéro. L’internet des objets, l’émergence des communaux collaboratifs et l’éclipse du capitalisme, Ed Les liens qui libèrent, 2014, p. 289.
Dans mon entreprise sociale, le TIR Consulting Group, nous vivons chaque jour cette nouvelle réalité directrice hybride. Nous élaborons des plans stratégiques de troisième révolution industrielle pour des villes, des régions et des pays, afin d’aider ces collectivités à édifier des infrastructures Internet des objets. Ces projets sont des dispositifs collaboratifs, au sein desquels marchés et communaux opèrent parallèlement, s’entre-alimentent ou coopèrent dans des structures de gestion conjointes, en général avec la participation des pouvoirs publics, qui se chargent d’instaurer des normes réglementaires, des codes et des incitations financières.
De nos jours, le rôle que jouent les biens communs (également désignés sous le terme de “communaux”) dans les sociétés humaines est encore sous-estimé, tant les biens marchands occupent le devant de la scène. Innombrables et divers, les biens communs vont des plus matériels aux plus immatériels, en passant par tous les stades intermédiaires : institutions, éducation, formes de sociabilité, santé, Internet, savoir-faire, arts et autres biens culturels. Néanmoins, suite aux évolutions récentes, qu’elles soient écologiques, économiques, politiques ou sociales, le sujet des biens communs, notamment urbains, revient en force et fait débat.
Cette appétence générale pour le sujet incite les pouvoirs publics et les citoyens, chacun à leur niveau, à se préoccuper de ce qui améliore ou dégrade la qualité de la vie relationnelle et sociale des individus. Même si les citoyens peuvent faire émerger seuls de nouvelles pratiques -mais est-ce suffisant pour un changement de paradigme en vue de la transition écologique à laquelle aspire notre société?-, les pouvoirs publics semblent également en mesure de les encourager et de les soutenir. Se mettre au service ou stimuler ? Cette différence de nuance n’est pas anodine, car le défi que représente la transition écologique est de taille. Est-il possible de faire autrement que de s’appuyer sur le système politique et économique existant ? Y a-t-il alors un risque de domestication des communaux naissants de la part du pouvoir public comme pourrait nous le faire penser le parallèle avec la participation institutionnalisée lors de la dernière décennie?
A travers plusieurs études de cas, cette conférence a pour objectif de questionner les processus actuels de fabrication des biens communs, afin de comprendre comment des communautés d’usagers de ressources naturelles en Ile-de-France élaborent des normes sociales (et parfois des règles légales formelles)leur permettant d’utiliser des ressources finies de manière durable à long terme. On étudiera donc, d’une part, le rôle des pouvoirs publics comme catalyseurs des communaux et, d’autre part, celui des associations et des architectes répondant aux divers concours mettant en avant l’innovation sociale. Leurs propositions de projets nous donneront un aperçu de leur vision des communaux du futur. Cette vision sera enfin mise en perspective selon le retour d’expérience de communs existants. Ces apports seront discutés par un chercheur spécialiste de la question du bien commun, afin de les inscrire dans un débat plus général. Cette dernière intervention précédera le débat entre les participants et le public.